Chroniques Nîmoises

Billet du Jour #20

Par Sarah

Sarah nous raconte son confinement. Brin d’humour, réalité sans tabous, tracas et joies du quotidien rythment ses billets.

Écrit le samedi 4 avril 2020.

Les cheveux tirés par le pied de Loulou, quel super réveil !
C’est tellement agréable et doux…Grrr, aïe
« Bonjour maman ! Pardon zé pas fais exprès, zé faim tu peux me faire mon petit dézeuné ? » Oui oui…
« Si tu veux maman moi ze te fais ton café. »
Marché conclu !
L’horoscope du jour du poisson, sorti tout droit de mon imagination :
 » – C’est le week-end, mais ne pensez pas que votre journée sera de tout repos. Vous rêvez d’évasion. Mais vous tournerez en rond, comme un lion en cage .
Mon conseil du jour ?
Aujourd’hui meuf, ne reste pas enfermée ou tu va craquer.
-Tu me tutoies maintenant ?
– Bah ouais, le confinement ça rapproche non ?
– Euuuu ça dépend de qui… toi je te tolère parce que ça fait 34 ans qu’on cohabite.
– Tu es sérieuse, ça veut dire quoi ça ? Que si tu ne me connaissais pas depuis tout ce temps, tu ne me parlerais plus ?
– Oui, je te supporte. Je n’ai pas le choix.
Mais en vrai tu m’énerves.
– Franchement tu es gonflée ! Tu ferais quoi sans moi ? Heureusement que je suis là pour te motiver un peu.
– Oui c’est vrai… Je te demande pardon…
– Tu es toute excusée. Rien à voir, mais fais attention, j’ai remarqué que tu développes une addiction aux bonbons.
– Ah oui, toi aussi tu as remarqué ? C’est con mais ça me réconforte.
– Oui c’est l’illusion de l’addiction.
– Oui mais comme ça je fume moins.
– Remplacer une addiction par une autre, n’est pas la solution… »
Merde, j’ai disgressé. Crotte, je suis en train de craquer. Zut, j’ai raison.
En bonne droguée, je vais chercher du tabac des feuilles à rouler, et 2 enveloppes, à la rue d’à côté.
Je discute 2 minutes avec la buraliste à travers une plaque en plastique.
Elle est rassurée d’avoir cette protection et des gants.
Elle a hâte que se soit fini. Moi aussi.
Je l’a remercie du fond du cœur de prendre ces risques. Je dois filer avant de provoquer une queue.
Arrivée à la maison, je motive mes troupes pour qu’elles s’habillent, en musique.
On sort poster l’enveloppe de dessins pour mamie. On fait un tour. Au bout de quelques mètres, Lou Anne se prend un poteau.
Plein front.
Elle ne l’a pas vu à cause de la visière de sa casquette.
Elle a mal. Elle pleure. On rentre.
Marlée boude. Elle ne veut plus avancer. Boudeuse professionnelle.
Pourquoi j’ai cru mon horoscope !?
Plus tard dans la journée.
« – Maman, j’ai envie de voir mes copines
– Moi aussi.
– J’en ai trop marre du coronavirus.
– Moi aussi.
– En plus, c’est nul on est en vacances, il fait chaud et on ne peut même pas aller à la rivière.
– Oui c’est nul. Mais tu sais l’eau est encore très froide.
– Oui mais moi j’ai chaud. « 
Loulou :
 » Va à la douche. Bon tu ne peux pas nager mais au moins tu peux te mouiller « .
Et merde j’ai les larmes aux yeux…
« – Maman pourquoi tu pleures ? On ira plus tard à la rivière ce n’est pas grave.
– Je suis triste qu’on ne puisse pas allée à la rivière. Ça va passer. »
Comment leur dire que je suis impuissante face à ce qui se passe. Que l’angoisse de n’a pas savoir quand ce confinement sera finit me bouffe de l’intérieur.
Je suis censée porter à bout de bras cette famille, les rassurer, leur dire que ça va aller.
J’y arrive quand j’en suis convaincue .
Quand je trouve des solutions.
Mais là je n’en ai aucune.
Aucune perspective.
Aucun espoir qu’on sorte indemne de cette crise.
Si ça se trouve même quand il fera 35 degrés on ne pourra pas aller se rafraîchir à la rivière. Bloquée, à étouffer, sous un toit où il fait aussi chaud dedans que dehors.
Vivre l’instant présent…
Ça devient de plus en plus difficile.
La méditation c’est bien bon… Ça fait du bien.
Mais je ne peux pas en faire toute la journée…
J’ai besoin de soleil.
Ouiii on doit rester chez nous.
Mais en mon âme et conscience, je sais que le bénéfice sera plus grand que le risque.
Parce que là clairement le risque pour moi c’est une grosse déprime. Et si moi je ne tiens pas debout…
Il n’est pas prévue de cellule de crise pour les personnes qui sont en train de craquer à cause du confinement, et qui n’ont pas les moyens d’aller chez un.e psy.
Ce serait bien que là haut, quelqu’un y pense…
Allez meuf, tu as vécu pire. Respire.
Venez les filles on ressort. En face, sur le banc.
« Maman tu es la meilleure des mamans. »
Elles jouent. S’inventent des histoires.
Se sont des sorcières.
Elles piègent des humains. Eux ce sont des chasseurs. Ils ont tués leur famille.
C’est marrant les histoires des enfants, selon le point de vue que tu prends.
On finit par rentrer.
L’appel du ventre est plus efficace que tout !
On m’interpelle du balcon d’en face.
Le voisin nous a préparé un tiramisu au specculos !
Une fois qu’il sera resté au frais, pendant 3 heures, on pourra le déguster !
En attendant, une partie de loup est en train de commencer…
Pendant que moi, je commence l’apéritif.
Seule c’ est un peu triste…
Mais je sais qu’on est plusieurs à faire pareil, bon visiblement pas tou.te.s à la même heure
À votre santé !

 

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