Chroniques Nîmoises

Billet du Jour #17

Par Sarah

Sarah nous raconte son confinement. Brin d’humour, réalité sans tabous, tracas et joies du quotidien rythment ses billets.

Écrit le mercredi 1er avril 2020.

Youpi ! C’est mercredi !
Youpi ! Je me lève et tout le monde dort!
Youpi ! Ça pique un peu dehors !
Youpi ! J’ai de nouveaux cheveux gris !
Quoi ? Faut se réjouir d’un rien…
J’ai commencé la journée par un appel en visio, avec mon amie Aurélie.
Bon comme dans la vraie vie, avec des enfants, discuter tranquillement, c’est comme essayer de dormir à côté d’un ronfleur.
Tu ne t’entends même plus respirer…
Nous voilà transformée en monstre, en pizza, en astronaute, en petit lapin. La magie des filtres. Résultat ça a bouffé nos batteries.
Celle de mon corps, n’est pas à plat…
Aujourd’hui, je ne sais pas ce qu’il me prend . Mais une fois la vaisselle faite, je m’attaque aux fenêtres.
Tout y passe, les rainures, les vitres, les recoins.
Tiens tiens… et si je rangeais et brossais le balcon…
Pendant que les filles regardent « baby boss » , maman bosse…
Avec trois briques, et un carreau de carrelage je fabrique une table basse d’extérieur .
C’est rien, mais ça va rendre mon quotidien un p’tit peu meilleur.
Au moins, je pourrais poser une tasse et un cendrier…
Ils ne se prendront plus de coup de pied.
*
Une fois les filles parties pour leur sortie du jour, je me confine derrière le rideau de douche.
J’ai pris soin de mettre à fond « Prince « .
Et comme un poisson dans l’eau, je glisse…
Me voilà, sur le cul, à poil, aïe mon coxis !!
Plus de ridicule que de mal, je continue de me croire en concert en live…
*
Je me maquille comme un poisson clown.
Dégradé de bleus sur les yeux, du rose sur les joues et sur les lèvres…
Je n’ai jamais mis ce genre de combinaison de couleurs. Sauf peut-être pour une soirée déguisée …
C’est de mauvais goût, mais je m’en fou, je ne vais croiser personne…
*
Ah ! J’ai une information importante à vous communiquer et ce n’est pas un poisson d’avril
Les gendarmes et les policiers n’ont pas le droit de fouiller dans vos sacs, cabas, et chariot. Lu sur France Inter.
Ils peuvent vous demander de l’ouvrir.
Mais ils ne peuvent pas juger si les articles que vous avez sont de premières nécessités ou pas. C’est même la police nationale qui le dit.
« La vérification des denrées alimentaires et la désignation des biens de première nécessité sont des critères subjectifs et incontrôlables. »
Donc, à toutes les personnes avec une belle amende de 135 euros, parce qu’elles avaient acheté des tampons, un test de grossesse ou des capotes, ne payez pas votre amende. Vous pouvez la contester.
Vous avez 45 jours pour le faire…
J’espère que les autorités vont passer le mot aux militaires…
J’ai lu aussi, l’armée arrive dans nos villes, en renfort…
Leurs missions: surveillance, présence dissuasive, assistance à la population, aider à la protection de certains sites sensibles ou des établissements de santé.
C’est un oxymore « présence dissuasive » et « assistance à la population ».
Ce qui me chiffonne, c’est que personne ne nous protège face aux dégâts du capitalisme, et des prises de décisions des gouvernements d’ici et d’ailleurs. Qui protège et porte assistance aux humains qui sont entassés dans des camps de concentration ?
Euuu pardon, un lapsus…
Perso, je ne fais pas dans la démagogie.
Je ne flatte pas les masses pour obtenir leur adhésion, une fausse paix social, ou pour faire mon business.
Des gens, je n’en connais pas des masses.
Je n’ai pas de business. Je n’ai ni capital, ni dividende. Je ne peux pas faire de l’évasion fiscale.
Je ne paye même pas d’impôt sur le revenu.
Les taxes si, plein, partout, et parfois même plus, juste parce que j’ai un utérus …
Bref, je ne suis qu’une petite gente, à qui il manque des dents.
Mais j’ai un cerveau, encore en état de marche. J’ai des yeux, certes qui auraient besoin d’une nouvelle paire de lunettes.
J’ai des doigts pour écrire et pour plein d’autres plaisirs.
Et ce que je peux dire, sans me faire trop d’ennemis, c’est que je vois d’un très mauvais œil l’atmosphère guerrière…
*
J’ai aussi une voix. Et demain, vers 22h, si tout va bien, je passe « on the radio » ooooh ooooh.
Non pour chanter du Donna Summer, mais pour dire deux mots dans l’émission « Studio-One », sur les ondes de Raje.
La radio a changé ma vie il y a 10 ans maintenant. Grâce à elle je reprenais le risque de m’exprimer, et d’aller vers les autres.
Quelque part, je lui suis redevable .
Et dès que j’en ai l’occasion, je lui rends, pour le meilleur et parfois pour le pire
Vive les médias libres et indépendants !
Je vous laisse, je vais voir « Ponyo sur la falaise ».
Zoubi de poisson

 

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