Chroniques Nîmoises

Billet du Jour #14

Par Sarah

Sarah nous raconte son confinement. Brin d’humour, réalité sans tabous, tracas et joies du quotidien rythment ses billets.

Écrit le dimanche 29 mars 2020.

Oh fan de chichourle ! J’ai une de ces migraines !
Je me suis couchée et réveillée avec elle.
Plus romantique qu’un coup d’un soir, elle n’est pas partie au crépuscule du matin !
Je n’ai ni bu, ni grillé Marie-Jeanne.
Pourtant, je suis dans le même état qu’un lendemain de nuit de folies.
Je regarde l’heure. Il est 11h00.
Trois textos de ma mère… Elle vit de plus en plus mal cet isolement et de ne pas voir ses enfants et petits enfants.
Bichette…
Elle n’est pas la seule à souffrir de cette situation.
Nombreux. ses sont les personnes pour qui le confinement a des conséquences sur leur santé psychique.
Je ne parle pas d’une petite baisse de moral.
Mais des résurgences de traumatismes, de l’amplification de l’anxiété, des difficultés à faire face à la situation de confinement quand on est neuro-atypique, ou quand on compose avec des troubles psy’…
J’envoie un camion de soutien à toutes les personnes concerné.e.s par cette réalité dont on parle trop peu…
Il y a quelques articles de presse ces derniers temps sur  » le désarroi des hôpitaux psychiatriques face au coronavirus ». Mais comme dans d’autres secteurs, c’est la crise depuis un bon moment…
En fait, la crise sanitaire actuelle met en exergue tous les dysfonctionnements de notre système.
Jusqu’à celui qui ne permet pas de choisir dans quelles conditions on met au monde nos enfants… Et qui peine à garantir nos droits…
J’envoie un autre camion de soutien à tous les futurs parents, et plus particulièrement aux personnes qui ont ou vont accoucher !
Une phrase m’avait aidé quand je perdais pieds, lors de mon dernier accouchement qui s’éternisait :
« C’est toi qui accouche, personne d’autre ! C’est ton corps, ton bébé, et ensemble vous y arriverez ! »
Ne restez pas seul.e.s face aux questions qui s’entrechoquent dans vos têtes !
Parlez- en à une personne de confiance, à une sage-femme libérale de votre secteur, ou à votre soignant.e de votre choix.
J’ai lu avec attention d’autres articles concernant les personnes qui écrivent, ou « poétisent  » leur confinement.
En gros, il y a les « Bourges » qui se délectent de leur vue, ceux qui ont loisirs de lire, de manger 5 fruits et légumes par jour, de regarder des séries, de faire du sport, de filmer le tout ou d’écrire des poèmes sur tout cela.
Et les autres.
J’ai bien conscience de mes privilèges.
Je ne vis pas dans une tour HLM.
Je n’ai pas la couleur de peau, la religion de ceux que l’on persécute.
Je ne vis pas sur une terre qui est vraiment en guerre.
J’ai un « White-passing » (un pass blanc).
Je suis, dans l’ensemble, en bonne santé.
Je mange à ma faim, mes enfants aussi.
Je suis une personne consciente de ce que les « oublié.es  » et opprimé.e.s de notre société vivent.
Je suis concerné.e par les discriminations. Comme dirait une dame de pôle emploi « mettez bien une photo sur votre C.V, parce qu’avec votre nom… ». J’ai été témoin de racisme envers mes enfants, leur père, et le mien.
Je suis une femme. Je vis au quotidien le sexisme depuis 34 ans. Je me suis sortie vivante de situations plus que critiques.
Heureusement que des personnes sont intervenues. Heureusement j’ai pu intervenir lors de situations violentes . Même avec mes pauvres 48kg et mon 1m65.
Je vous raconte tout cela pourquoi ?
Non pour dire « moi je, moi je » , non pour faire « zarma, je suis un exemple », « zarma je suis écrivaine » , « zarma je fais de la politique », « zarma je suis une experte », « zarma je suis à plaindre ».
Mais parce que depuis que je suis née, le cul entre deux chaises, entre deux cultures et deux religions, j’ai toujours voulu rassembler ces deux chaises pour en faire un banc.
Non pas pour gommer certains de mes privilèges.
Mais dans l’espoir de vivre dans une société plus juste, moins violente, moins traumatisante, et moins impuissante.
J’ai trouvé quelques modestes moyens.
Certes ils ne sont pas révolutionnaires .
Mais à la portée de chacun.e. :
Réfléchir avant de parler.
Quand quelqu’un.e vit dans sa chair, dans son quotidien ce que tu ne vis pas , bah tu te tais, tu l’écoutes et tu lae crois.
Intervenir seul.e ou à plusieurs quand on est témoin d’une situation qui met en péril l’intégrité moral ou physique d’une personne.
S’informer, lire, apprendre, se documenter.
S’intéresser à autre chose que son nombril, son intérêt personnel et financier.
Quand on le peut , agir à son échelle
Rêver, regarder, partager, et aimer.
Ne nous enfermons pas dans des raccourcis faciles , et des opinions étriquées comme des testicules dans un string. Gardons l’esprit critique.
À défaut d’être libre de circuler, nous
avons encore notre liberté de conscience et notre liberté d’expression !
Personnellement, j’en use autant que je peux !
La bise à ceux et celles qui acceptent qu’on déroge virtuellement des gestes barrières.

 

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