Chroniques Nîmoises

2020 est mon plaisir coupable.

Habituellement, c’est un peu l’heure des bonnes résolutions. Arrêter de fumer ? Je n’y arriverai pas et puis la nicotine renforce notre barrage contre la covid. Faire plus de sport ? On ne va pas risquer la bigorexie (de rien pour cette nouvelle connaissance). Voyager plus ? Il y a un virus mutant en train de défoncer le monde. Prendre du temps pour soi ? Faut pas déconner non plus, ça fait un an que je suis forcée à me retrouver face à mon reflet dans le miroir.

Enfin, je dis ça avec un petit ton « overdose de confinement/couvre-feu/auto-régulation de sa vie sociale » parce que ça fait bien, parce que c’est la norme d’en avoir ras le calbute, parce qu’Aristote se la pétait en serinant que l’homme est un animal social, blablabla. Sans vouloir casser l’ambiance, le mood pandémie mondiale me plaît pas mal. Alors non, je ne suis pas non plus un monstre. Idéalement, j’envisage une pandémie sans mort, ni épuisement des soignants, ni petits projets de lois passés en scred pendant que tout le monde est coincé chez lui. Alors, on est plus du côté d’une demande au Père Noël que de celui d’une résolution, mais sait-on jamais, on peut peut-être compter sur un jetlag de la part de ce cher Santa ?

Je vous vois être outrés par mon discours pro-quarantainatif (et ouais, le terme covid n’existait pas, maintenant c’est sûrement le mot le plus utilisé dans le monde en 24 heures, alors pourquoi pas « quarantainatif »?), mais ça m’allait de ouf cet isolement. L’idée que tout reprenne à une vitesse normale m’angoisse à un point ! Cette diminution du rythme général me semblait aussi belle qu’une danse des canards filmée au ralenti.

Pas de bises !

Mais le concept, on aurait dû l’inventer il y a deux éternités quoi ! Adieu moments détestables, la trace indélébile de rouge à lèvres de mamie sur la joue, l’irritation à cause d’une barbe de trois jours (ça fait d’jeuns mais c’est de la daube), la bave séchée, la mauvaise haleine, les boucles d’oreilles qui s’accrochent entre elles, la gêne de rouler une pelle à un inconnu car on est partis tous les deux du même côté pour commencer les embrassades !

Pas d’autre !

L’enfer c’est lui, yes Sartre me semble moins relou qu’Aristote en ce moment. Le droit de ne penser qu’à sa gueule ; l’aubaine. Sonne-per devient synonyme de no limit, no future. 

  • Un pan bagnat au p’tit déj, c’est ok, personne pour te dire que c’est mauvais signe d’avoir de la mayo sur la commissure des lèvres à 08 heures du mat.
  • Ne pas réussir à choisir entre un jean taille haute et une robe en sequins, c’est ok, les deux font la paire comme qui dirait.
  • Avoir la flemme pendant une semaine de changer le body de ton gamin, c’est ok, non pas du tout c’était une blague.
  • Avoir une lueur d’esprit nous expliquant que ce serait cool de se raser les cheveux en gardant une frange, c’est ok, la bienséance capillaire n’est plus.
  • Ne pas suivre les préceptes de la tendance 2020 (#yoga #PainFaitMaison #1jour1livre #DigitalDetox #PenséePositive et autres #ReconnexionAvecSonMoiIntérieur ou #ApprendreàImiterLesLoutresEnRut – chacun ses centres d’intérêts –), c’est ok, tenter de faire entrer #TechniquesPourManger8PetitsBeurresEnMêmeTemps dans les tops tweets c’est beau comme projet ! 

Alors « Seul, on va plus vite, à plusieurs, on va plus loin », mais bon comme mon objectif est de ne rien faire, tout en restant au même endroit, je n’en ai rien à carrer !

Pas le temps !

Alors ça sonne mieux de dire « Pas de temps » mais je voulais me faire le plaisir de citer du Faf Larage (Mon esprit glisse ailleurs!) qui est d’ailleurs le frère de Shurik’n (oui, oui de IAM, ça t’en bouche un coin-coin hein!). Revenons à nos moutons, ou plutôt notre temps mou. J’adore cette stase temporelle dans laquelle on vit depuis un an. Le temps glisse sur nous comme sur les frères Bogdanoff. Quel jour est-on ? Quelle heure est-il ? Qu’importe ! Personne ne nous attend nulle part. J’ai réussi à oublier si j’allais avoir 27 ou 28 ans, si mon fils faisait preuve de génie pour ses 1 an ou preuve de lenteur pour ses 2 ans.

Au final, même sans la bise, sans les autres, sans le temps, il va quand même falloir que je fasse bonne figure envers moi-même en essayant d’arrêter de fumer en 2021. C’est pour cela que je file m’allumer une clope afin de tenter de m’écœurer avant l’échéance fatidique du 1er janvier.

Bon bout d’an & à l’année prochaine,

Je ne vous embrasse pas.

Écrit par Channel Roig

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